Guerre ?

Lors de son allocution télévisée du 16 mars, Emmanuel Macron a utilisé à plusieurs reprises le terme guerre.

Nous sommes en guerre, en guerre sanitaire certes. Nous ne luttons ni contre une armée ni contre une autre nation, mais l’ennemi est là, invisible, insaisissable, et qui progresse. Et cela requiert notre mobilisation générale. Nous sommes en guerre. Toute l’action du gouvernement et du Parlement doit être désormais tournée vers le combat contre l’épidémie, de jour comme de nuit. Rien ne doit nous en divertir. C’est pourquoi j’ai décidé que toutes les réformes en cours seraient suspendues, à commencer par la réforme des retraites.

(…)

Nous sommes en guerre. J’appelle tous les acteurs politiques, économiques, sociaux, associatifs, tous les Français à s’inscrire dans cette union nationale qui a permis à notre pays de surmonter tant de crises par le passé. Nous sommes en guerre et la Nation soutiendra ses enfants qui, personnels soignants en ville, à l’hôpital, se trouvent en première ligne dans un combat qui va leur demander énergie, détermination, solidarité. Ils ont des droits sur nous. Nous leur devons évidemment les moyens, la protection. Nous serons là. Nous leur devons, des masques, du gel, tout le matériel nécessaire. Et nous y veillons et y veillerons.

Cette rhétorique de guerre est dangereuse. Car la guerre permet tout, elle auto-justifie tout ce que l’on fera en son nom. Or, il manque une information importante dans cette vision « d’être en guerre contre le virus », c’est l’origine de cette guerre : ce n’est pas lui qui nous a attaqué. Nous sommes les agresseurs.

En se déclarant en guerre contre le virus, on se dédouane de nos responsabilité. Ce qui compte, c’est de la gagner. Quand on l’aura gagnée, on célébrera la victoire, on comptera certes les morts, mais on aura l’impression d’avoir progressé. Alors, pourquoi, à ce moment-là, se poser des questions sur l’origine de « la guerre » ? On fera taire tous les oiseaux de mauvais augures qui poseront des questions et qui nous empêcheront de revenir à « une vie normale ».

Il y a dans cette allocution de Macron, tous les germes d’une rhétorique totalitaire : mobilisation générale, ennemi invisible, union nationale, La Nation, … L’étape d’après, c’est le recul de nos libertés.

A suivre…

 

Références

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