Je Suis Charlie – analyse

Je Suis Charlie, bien sûr, comme des millions de personnes à travers le monde, mais qu’est-ce que cela signifie et qu’est-ce que cela implique ?

 

Si l’heure est à l’hommage, à la solidarité et à la communion avec les victimes, se limiter à la manifestation d’une émotion ne peut pas être la seule réponse collective aux événements de cette semaine.

Je Suis Charlie parce que je crois et je défend la liberté de la presse et la liberté d’expression. Je ne lisais pas Charlie Hebdo, et ne suis aucunement qualifié pour juger du contenu parce que je ne le connais pas, mais rien ne justifie qu’on assassine un journaliste, dans quelque partie du monde que ce soit, pour son travail.

Je Suis Charlie parce que je crois qu’aucune terreur, qu’elle soit physique, morale, politique ou économique, ne doit aliéner la liberté. Ni censure, ni auto-censure, ni loi d’exception, ni diktat, ni règle édictée par une instance morale ou religieuse, ne peuvent limiter une liberté fondamentale.

Je Suis Charlie parce que je veux résister à l’oppression morale, à la bien-pensance encadrée et moralisatrice.

L’important maintenant est ce qu’il se passera demain lorsque l’émotion sera retombée.

Je veux croire que ce sera l’occasion d’une réflexion sur la tolérance et le respect d’autrui. Que l’on soit religieux ou athée, aucun amalgame ne peut être fait entre le terrorisme fanatique des uns et la pratique religieuse, culturelle des individus. Le fanatisme, le terrorisme, qu’ils soient religieux ou politiques, ne sont que des expressions déviantes contre lesquels il faut résister, non par la peur et le rejet, mais par la tolérance, le respect et l’intégration.

Quand j’entends des responsables politiques envisager de « nouveaux dispositifs » en matière de sécurité (Valls) ou à « nommer les choses, libérer (la) parole » contre « l’islamisme radical » (Le Pen), je suis inquiet.

On peut choisir de sortir par le haut, en œuvrant pour le « vivre ensemble », pour reconstruire localement, des solidarités, de l’ouverture, de l’inclusion, ou bien, choisir la voie du contrôle, de l’oppression, de l’exacerbation des différences, du communautarisme. Cette deuxième voie est celle de la réponse facile, celle de l’émotion, celle du renoncement, celle d’une forme de totalitarisme.

Certains diront que c’est d’une guerre dont il s’agit. Oui, probablement, certains totalitaires instrumentent le fanatisme et le terrorisme et voient dans les guerres une solution facile et un moyen de mieux contrôler les peuples.

Mais, je suis certain que les guerres se gagnent par le combat des peuples, par la solidarité, par la résistance, par la résilience à l’oppression, ni par les armes, ni par les armées, ni par les états.

Ne laissons pas la peur envahir nos consciences et nous empêcher de construire un monde plus juste et plus humain.

Une idée qui relie

On en reparlera, mais je ne peux résister à publier cet extrait :

Dans une de leurs brochures, des opposants à la construction de la ligne ferroviaire Lyon-Turin écrivent : « Que signifie être No TAV ? C’est partir d’un énoncé simple : « le train à grande vitesse ne passera jamais par le Val de Suse » et organiser sa vie pour faire en sorte que cet énoncé se vérifie. Nombreux sont ceux qui se sont rencontrés autour de cette certitude au cours des vingt dernières années. A partir de ce point très particulier sur lequel il n’est pas question de céder, le monde entier se reconfigure. La lutte dans le Val Susa concerne le monde entier, non pas parce qu’elle défend le « bien commun » en général, mais parce qu’en son sein est pensée en commun une certaine idée de ce qui est bien. Celle-ci s’affronte à d’autres conceptions, se défend contre ceux qui veulent l’anéantir et se lie à ceux qui se trouvent en affinité avec elle. »

 

Extrait de A nos Amis, du Comité invisible, La fabrique éditions, page 187.

A suivre.

L’urgence de ralentir – ARTE

Un très intéressant documentaire a été diffusé début septembre par ARTE sur une idée de Noël Mamère.

La parole est donnée à tous ceux, en France, au Royaume Uni, aux USA et ailleurs, qui inventent un nouveau monde.

Un monde de partage, un monde qui lutte contre les grands projets inutiles, un monde qui rinvente la communauté et la solidarité.

A voir absolument.

Note : En suivant ce lien, vous serez redirigé vers le site de ARTE présentant le documentaire.

r > g – Conférence Thomas Piketty sur TED

En complément de la note précédente sur les monnaies locales, je vous invite à écouter la conférence de Thomas Piketty donnée à TED Salon à Berlin en Juin 2014 sous le titre New thoughts on capital in the twenty-first century (que je traduirai par Une nouvelle manière de penser le capital au 21ème siècle).

Certes, elle est en anglais (avec sous-titres en anglais) et nécessite quelques bases de finances, mais le message est clair : les revenus du capital sont aujourd’hui supérieurs à l’augmentation de  la richesse due à la croissance. Autrement dit,  le capital peut ne consacrer que 20% de sa richesse à l’investissement pour maintenir sa richesse à un niveau égal à celui que produit la croissance de l’économie. Ceci conduit à une perpétuation infinie de la concentration de la richesse dans les mêmes mains. Et la conclusion est qu’il faudrait commencer à mettre en place un début de taxation de ces richesses pour, d’une part, avoir une meilleure compréhension des mécanismes économiques, et, d’autre part, commencer de contre-balancer le principe d’accumulation des richesses.

Bien sûr, cette présentation ne remet en cause ni le capitalisme, ni la croissance. Il est néanmoins intéressant de constater le succès qu’à eu le livre de Thomas Piketty, le Capital au 21ème siècle, notamment aux Etats-Unis d’Amériques, et de voir que l’inégalité dans l’accumulation de capital pouvait être une question à adresser.

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Des monnaies pour une autre politique

Monnaies Locales Complémentaires
En cliquant sur l’image, vous serez redirigé vers le site de l’éditeur, Editions Yves Michel, où vous pourrez acquérir cet ouvrage.

Est-il possible de penser l’argent de manière différente et d’en faire, non pas un instrument de spéculation et d’enrichissement, mais un outil de partage et de développement local tout en respectant une éthique sociale et environnementale ?

Oui !

Dans la 2ème édition de ce livre publié en septembre 2014, l’auteur, Philippe Derruder, présente de nombreuses expériences réalisées à la fin des années 20, dans les années 50 en France, et l’état de ce qui se fait actuellement dans plusieurs régions de France.

Mettre en place une monnaie locale, adossée  à l’euro, dans une collectivité organisée (association, par exemple) est possible et légal.

Quels avantages ?

  • On sort d’une logique d’enrichissement et de thésaurisation : la monnaie est conçue pour circuler et pour favoriser l’échange de biens ou de services,
  • La contre-partie en euro étant conservée dans un établissement bancaire socialement responsable comme le Crédit Coopératif, elle est sûre,
  • Utilisée dans un périmètre limité, par des citoyens et des commerçants, elle favorise l’économie  locale et le développement d’une offre de produits et services éthiques dans une logique de développement durable,
  • Elle participe à construire une communauté ayant des valeurs communes et axée sur le partage

Au-delà des exemples, le livre est aussi un guide pratique à la mise en œuvre avec de nombreux conseils et liens vers des informations complémentaires.

Liberté

Obligé de redéfinir ce qui fonde mes idées et mon action politique, j’ai eu la chance qu’une amie me définisse personnellement un jour comme libertaire. Je ne l’avais formulé comme cela auparavant, mais cette définition extérieure m’a ouvert une porte de compréhension de mes valeurs qui s’est avérée fructueuse.

Donc, oui, je me défini comme Libertaire. Qu’est-ce que cela signifie, concrètement ?

La première valeur à mes yeux, c’est le libre-arbitre : c’est-à-dire la possibilité de décider en toute conscience de ses choix.

Cela peut paraître simple comme définition, mais chaque mot compte.

      • Décider : mes choix sont les miens, ils ne sont pas la résultante d’une pression, d’une coercition, d’une contrainte, d’un ordre externe. C’est un choix librement consenti. Par exemple, j’ai toujours pensé que m’obliger à mettre ma ceinture de sécurité en voiture était une atteinte à ma liberté individuelle. Cependant, je mets ma ceinture en voiture. Pas par peur de la police ou d’une amende, mais par décision consciente, qu’il valait mieux mettre ma ceinture en cas d’un éventuel accident. Et pour toutes les mauvaises langues, l’alerte sonore de ma voiture s’arrêtant au bout de 1 minute, j’ai suffisamment de patience pour attendre ce laps de temps.
      • En toute conscience : pour pouvoir être libre, il faut être conscient. Pour être conscient, il faut être éduqué, informé, il faut pouvoir exercer sa raison, ses capacités critiques. Il faut pouvoir débattre, s’enrichir de la différences des autres. Les choix ne sont pas des décisions par défaut, par absence d’alternative, par paresse, mais au contraire le résultat d’une réflexion, d’une conscience des choses qui permet d’accepter librement ses choix, éventuellement d’en changer, sans regrets, sans amertume, sans ressentiment.

Tout cela serait bien simple si nous vivions seuls. Mais, heureusement, ce n’est pas le cas.

Mon deuxième principe est alors que ma liberté s’arrête où celle des autres commence. Encore une fois, nulle coercition ici. Je fait le choix conscient que l’expression de ma propre liberté ne doit pas entraver l’expression de la liberté de quelqu’un d’autre. Ce n’est pas l’autre qui bride ma liberté, c’est moi qui choisit librement d’ajuster la portée de ma liberté à ce qui est acceptable pour l’autre. Dans une discussion récente avec des amis, quelqu’un a posé la question suivante : « un vrai libertaire peut-il demander la fidélité de son compagnon ? ». Question complexe, mais, à mon sens, mal formulée parce qu’elle renverse le sens de la relation. La fidélité est une notion morale et n’a rien à faire ici. Un libertaire ayant une relation régulière et organisée avec une compagne ou un compagnon (ou même un mari ou une femme, je suis marié et heureux de l’être, et ne sens en aucune façon ma liberté réduite) peut avoir une « aventure », cela fait partie de sa liberté. Peut-il l’avoir dans un contexte où celle-ci réduirait la liberté de son compagnon, absolument non. Ce serait le cas, par exemple, si l’aventure se produisait avec quelqu’un que connaît son compagnon (le regard d’une des parties serait modifiée) ou si la relation apportait un risque que pourrait subir le compagnon. Tout ceci, bien sûr, tant qu’on ne souhaite pas redéfinir la nature de la relation avec son compagnon. Dans ce cas, le vrai libertaire aura toujours l’honnêteté de la vérité.

Si l’on peut facilement établir des règles inter-personnelles, nous vivons dans une société. Troisième principe absolu, L’Homme est foncièrement bon, c’est la société qui le perverti. Si c’est la société qui pervertit l’Homme, alors une société libertaire doit rechercher à établir ce qui permettra à l’Homme d’être libre. L’éducation et la formation, la liberté d’expression, de publication, d’information, de réunion, de manifestation, de circulation, le droit au travail, au logement, la liberté culturelle et cultuelle, le droit à une nourriture et à un environnement sain, le droit au respect, l’échange non marchande et sans intervention de l’argent, les monnaies locales, tous ces éléments forment le fondement d’une liberté de l’Homme et d’une société libre. La société capitaliste, les obscurantismes religieux, la bêtise, la somme des intérêts égoïstes, l’ignorance, s’allieront pour contrer la naissance d’un monde basé sur d’autres principes. La transformation sera longue, lente, chaotique, aucune naïveté à avoir, même difficile, un autre chemin est possible. L’individualisme, le repli sur soi ne sont pas des choix possibles. Ce sont des non-choix.

Quelle que soit la taille de la société dans laquelle nous vivons, nous y vivons et c’est là que nous devons agir. C’est pourquoi le quatrième principe est un principe politique, celui de la primauté du politique sur l’économique. Dans mon esprit, la politique est d’abord une agora, un lieu où l’on débat, où l’on échange, où chacun peut prendre la parole. Le responsable politique n’est pas celui qui dit ce qui doit être fait mais celui qui met en œuvre ce qui a été décidé au sein d’une collectivité. Dans une société libre, la responsabilité politique doit être partagée, être révocable, limitée dans le temps et dans sa portée. Les mandats doivent être courts et non reconductible pour permettre au plus grand nombre d’exercer des responsabilités. Cependant, rien de possible sans diffusion de la connaissance. Internet est un formidable moyen de mettre en relation des gens, de diffuser des idées, de partager des expériences, de publier des connaissances, d’accéder à l’information. Militer pour un internet libre et accessible, pour des logiciels libres et sécurisés, pour une information libre et ouverte, ce sont des conditions nécessaires à l’émergence d’un débat politique démocratique.

Un esprit critique répondrait aux arguments ci-dessus que ces principes ne sont pas applicables à grande échelle. L’universalité de la liberté est le cinquième principe sur lequel nous devons nous appuyer. Il ne saurait y avoir de limites à la portée de la liberté. Impossible de réduire la liberté d’un groupe au bénéfice d’un autre groupe. Le principe de liberté doit s’appliquer à tous tout le temps. Impossible de réduire les flux migratoires au bénéfice de l’emploi des résidents locaux. Si la société inégalitaire que nous avons créé génère des déséquilibre qui conduisent certains à tout quitter pour rejoindre un autre pays censément meilleur, il faut d’abord rétablir l’équilibre, pas rejeter les migrants. Bien sûr, tout cela à un coût. Mais ne vaudrait-il pas mieux payer au juste prix les richesses du sous-sol en Afrique que de devoir ensuite injecter artificiellement de l’argent pour rétablir un certain équilibre.

Libre-arbitre, respect de la liberté des autres, principes de société, action politique et universalité sont les 5 axes que j’utiliserai dorénavant pour juger de toute décision, de tout choix politique que j’aurai à faire.

Il y aurait certainement beaucoup à dire sur le sujet. Que les lecteurs critiquent, commentent et amendant ! Que les experts en liberté proposent lectures et débats !

Note : cette note a été publiée initialement dans mon précédent blog, le 7/09/2014. Elle a été reproduite ici comme le texte fondateur de cette nouvelle étape.

Mea Culpa

Commencer la première note d’un blog par un mea culpa peut paraître étrange.

Mais, c’est une forme d’honnêteté que de reconnaître qu’on n’arrive pas dans la webosphere sans aucune histoire. Le web n’oublie pas.

J’ai donc animé un blog intitulé Mon Président, sous-titré Le blog d’un citoyen qui rêve d’un grand Président de la République de 2006 à 2014 (même si il n’y a eu que 2 notes en 2013 et 2 en 2014 pour fermer la page).

Membre du Parti socialiste depuis 1977, avec différents niveaux de présence et de participation au fil du temps, j’ai essayé de « Changer la Vie » jusqu’à ce que je constate que le Changement, c’est pas Maintenant.

J’ai donc rêvé et je me suis trompé. C’est la vie, on essaye, on émet des hypothèses, on veut y croire, parfois, ça marche, parfois ça rate. Là, c’est raté, dans les grandes largeurs.

Je suis certain qu’il y a aura bien des esprits chagrins qui me diront que, peut-être, une certaine cécité m’a accompagné, qu’une grande surdité m’a troublé. Peut-être simplement une trop grande confiance et une grande naïveté.

Je les revendique toutes les deux et elles seront présentes dans ce nouvelle page qui s’ouvre :

  • confiance dans l’humain et son intelligence
  • naïveté de croire qu’in peut changer et qu’il reste de l’espoir

J’aurai pu effacer les traces de ces erreurs passées. Mais je ne l’ai pas fait. l’ancien site est toujours en ligne : www.mon-president.net. Comme le témoignage d’une époque.

 

Réinventer un monde humain