Un autre monde

Cela faisait quelques temps que je voulais relancer ce blog et c’est finalement maintenant que je le fais. Une période particulière puisque hier soir, le 14 mars 2020, l’État a déclaré le stade 3 de l’épidémie liée au Coronavirus.

Jusqu’à une date encore indéterminée, les bars, les restaurants, les cinémas, les théâtres et tous les lieux publics non indispensables vont rester fermés. Et ce, après que les écoles,  les collèges, les lycées et les universités aient été fermées.

Situation exceptionnelle qui aura des conséquences profondes sur notre comportement individuel et collectif , conséquences auxquelles nous devons réfléchir dès maintenant.

1er point : nos libertés individuelles

Dans une situation grave de danger, l’État a le choix entre une attitude coercitive en obligeant les gens à rester chez eux, en restreignant les déplacements ou bien une attitude de responsabilité individuelle et collective en appelant les gens à adopter des gestes pour empêcher la propagation du virus. On est, pour l’instant, dans cette 2ème hypothèse. Elle est importante car ce qui compte, c’est la durée des restrictions. Toute forme coercitive a tendance à perdurer au-delà de l’évènement lui-même et à s’inscrire, sinon dans la loi, du moins dans la durée des comportements profonds. En nous appuyant sur notre volonté individuelle, sur nos choix, cela nous implique individuellement et nous donne la possibilité de terminer cette période.

2ème point : nos comportements sur la durée

Nul ne sait aujourd’hui combien de temps durera l’épidémie ni ses effets. L’impact sur la vie quotidienne et l’activité économique sera fort. Toutes les activités culturelles et sociales interdites vont générer des graves difficultés financières pour un ensemble de gens et de structures, souvent petites.

D’autres effets se produiront de manière décalé à cause de décisions qui auront été retardées dans le temps dans cette période d’incertitude.

La solidarité individuelle, collective et plus largement politique doit s’appliquer, sans qu’il soit besoin de la réclamer. Au-delà de ce que nous pouvons faire individuellement autour de nous, l’État et l’Union Européenne, à nouveau, doivent jouer leur rôle. IL faudra être vigilant sur ce point.

3ème point : notre sortie de crise

Sur une longue période, le risque de la suppression des comportements sociaux et de restrictions même choisies de nos libertés fondamentales est que ces comportements deviennent la norme et perdurent.

Il faudra identifier une forme puissante et festive pour marquer la fin de la période et le retour à une vie « normale ». Cela demandera de la volonté et de l’ouverture d’esprit car nombreuses seront les voix qui appelleront à retarder ce moment, au nom du deuil, des leçons à tirer, des réformes à faire.

Pourtant, pour moi, les choses sont claires : Il faut changer de système.

La forme de mondialisation économique et industrielle qui redistribue mondialement les emplois et l’activité économique a vécu. La croissance a tout prix (y compris pour la « bonne » raison de relancer l’économie après la crise) doit cesser quand on voit enfin que pendant la crise les émissions de CO2 et la pollution diminuent. Et il faudra s’interroger sur les formes de gouvernances internationales qui sont nécessaires quand on voit l’individualisme de certains états, les guerres économiques pour des raisons d’hégémonies nationalistes, comme l’absence de parole des organismes internationaux tel l’OMS.

Nous sommes dans une des formes d’effondrement de nos sociétés capitalistes  thermo-industrielles décrites par Pablo Servigne. Noël Mamère écrit une tribune dans Le Monde  où il dit que le coronavirus nous fait « vivre une sorte de répétition générale avant l’effondrement majeur d’un modèle qui a trouvé ses limites ». Ce qui était moqué hier devient réalité aujourd’hui. Oui, nous nous en sortirons, non, l’espèce humaine ne va pas (encore) disparaître demain matin. Mais, cette alerte doit nous amener à effectuer des changement très rapides sur nos modes de vie, sur l’organisation et les finalités du système dans lequel nous sommes. MAINTENANT !

Photo by Daniel Tafjord on Unsplash

Liens

  • Une émission de France Culture où de nombreux thèmes sont abordés, Le Temps du débat, 12 mars 2020

 

  • Les livres de Pablo Servigne
    • Pablo Servigne, Raphaël Stevens, Comment tout peut s’effondrer, Seuil, 2015
    • Pablo Servigne, Raphaël Stevens, Gauthier Chapelle, Une autre fin du monde est possible, Seuil, 2018

Photo de couverture : Photo by Macau Press Agency on Unsplash

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